Au minimum, il faut penser au bonheur national

Jeudi soir, l’Institut français avait invité le Docteur Hay Ly Heng à l’occasion de la sortie de son livre « Au delà des tempêtes cambodgiennes » qui retrace son histoire et celle de son pays. Un livre qui s’adresse notamment à la jeunesse d’aujourd’hui pour lui dire, en s’appuyant sur la réussite remarquable de ses entreprises qu’un autre futur est possible  au Cambodge. L’Hebdo vous propose une rencontre avec un personnage hors du commun, un entrepreneur visionnaire et un homme avec des valeurs chevillées au corps qui le portent dans son combat pour bâtir un Cambodge où chacun serait un acteur de sa reconstruction. Une personnalité passionnée. 
 
L’HEDO:  Pourquoi dites-vous que vos entreprises ne sont pas des entreprises comme les autres ? 

Hay Ly Eang : Premièrement cela tient à la forme entrepreneuriale que j’ai prise. Les statuts de mes deux entreprises sont le résultat de démarches personnelles qui sont liées à mon histoire et à celle qu’a traversée le Cambodge pendant les Khmers rouges qui m’ont séparé pour toujours de ma famille et de mes sœurs. Cette période de notre histoire est incompréhensible et absurde et on doit essayer de comprendre son origine. J’ai voulu aussi tester la capacité du Cambodge à rebondir car il ne faut pas oublier qu’après l’arrivée des Vietnamiens, le pays était un pays décapité de ses intellectuels et de ses forces vives. 

A mes yeux, l’entreprise est primordiale, pas seulement pour l’entrepreneur mais aussi pour l’avenir et la stabilité du pays. C’est pour cette raison que j’ai choisi, dès les accords de Paris en 1993, deux formes d’entreprises opposées mais qui ont toutes les deux une forte responsabilité sociale. 

L’une, avec la création de PPM, permettait de tester la capacité intellectuelle de ce qui restait du Cambodge, sa force intrinsèque et celle de ses survivants et l’autre, Confirel, permettait de valoriser son terroir, sa culture et son savoir-faire lié à l’agriculture et au milieu rural. 

Il a fallu procéder étape par étape. Tout d’abord parce que cette forme d’entreprise n’existait pas et comportait une grande partie de risque et d’inconnues. J’ai donc commencé, avant de lancer l’entreprise pharmaceutique, par organiser le réseau de distribution des médicaments que j’avais commencé à établir en 1983 depuis ma base arrière qui était ma pharmacie à Paris. 

Après la réussite de PPM, essentiellement focalisée sur la technologie, j’ai commencé l’autre entreprise, Confirel, qui était basée sur une démarche inverse de  la première. Elle consistait à valoriser le terroir cambodgien. 

L’HEDO:    Pourquoi un entrepreneur qui a réussi comme vous a ressenti le besoin d’écrire ce livre ? 

Hay Ly Eang : Comme beaucoup de pays en voie de développement, le Cambodge n’avait pas d’assise scientifique.  L’essentiel de l’économie est basée sur le service, l’importation et le commerce qui ne profitent pas à l’ensemble de la population.  En pharmacie, nous avions besoin de techniciens chevronnés et le tissu pharmaceutique d’avant guerre n’existait plus. J’ai dû recomposer les ressources humaines et tout reconstruire. On partait avec PPM de l’inconnu vers l’inconnu mais nous sommes arrivés aujourd’hui à une belle réussite. 

Avant de lancer PPM, j’avais des affaires florissantes. Les gens se demandaient pourquoi je me lançais dans une activité de production et de commercialisation de médicaments. Dans l’importation, vous avez deux inconnus, le produit et le marché, ce n’est pas compliqué. Dans la production vous avez des centaines d’inconnues mais ces inconnues apprennent aux Cambodgiens les processus de déve-loppement industriel qui sont indispensables dans le cadre de la mondialisation actuelle pour transformer le pays en un pays producteur et exportateur. 

J’ai lancé Confirel à partir du sucre de palme. A l’époque, il était presque prohibé à cause notamment de questions d’hygiène et maintenant beaucoup de grands groupes exploitent et transforment le sucre de palme en d’autres produits. 

L’HEDO:    Ce livre est le témoignage du  commencement de la réindustrialisation du Cambodge et de notre avenir. 

Ce livre s’adresse aussi à la nouvelle génération. Votre exemple montre qu’il est possible de développer un tissu industriel basé sur la technologie et de créer des produits à haute valeur ajoutée à partir de produits locaux.  Au delà de ces exemples quels messages vous vouliez faire passer ? 

Hay Ly Eang : La société khmère a  tellement vécu dans le mensonge, des mensonges mortels, que cette société ne croit plus en rien. L’entreprise peut prouver que la réussite, la prospérité et le partage existent. C’est ce que j’ai voulu montrer.  Je n’ai jamais voulu garder ma réussite pour ma propre satisfaction. Rester en France ou faire des affaires ailleurs qu’au Cambodge aurait été beaucoup plus facile. 

Je voulais montrer à la nouvelle génération que rien n’est perdu, que tout est possible.  C’était pour moi un devoir et une obligation. Ces deux formes d’entreprises que j’avais choisies en réalisant PPM et Confirel étaient deux formes extrêmes du développement. Aujourd’hui PPM exporte et devient une société multinationale grâce à notre partenaire la CERP BA. Cela nous permet de contrôler le marché. Je démontre aux jeunes qu’avec du sérieux et de la conviction, on peut remonter le courant de la mondialisation. 

L’HEDO:    De la même façon, pour Confirel, notre business modèle est basé sur la qualité et de l’authenticité des produits du Cambodge. 

Vous expliquez dans le livre que vous n’êtes pas de ceux qui combattent la mondialisation mais vous défendez aussi certaines valeurs dans des forums mondiaux qui préconisent un autre modèle de développement. N’est-il pas trop tard pour le Cambodge de prendre ce train d’un développement différent ? 

Hay Ly Eang : Le Cambodge a des atouts mais la question est la convergence et l’harmonie de nos ressources. Que signifient les accords de Paris ? La fin de la vraie guerre. Après la vraie guerre, le pays a été confronté à la guerre économique mais cette guerre économique nécessitait d’autres compétences pour reconstruire un pays en paix. Cette reconstruction a été ratée malgré les milliards versés, faute de consensus et de politiciens sérieux placant l’intérêt de la nation au-dessus de tout. 

D’un autre côté, il y a les Cambodgiens avec leurs valeurs intrinsèques, des jeunes qui sacrifient tout pour leurs études, d’autres qui arrivent sur le marché. La pièce de théâtre n’est pas terminée.  Le Cambodge doit avoir le courage de reconnaître ses erreurs. Après les accords de Paris les Cambodgiens ne se sont pas réconciliés, à cause des séquelles de la guerre et à cause aussi d’un manque d’esprit national qui aurait pu les pousser à défendre le même toit commun.  Il n’y a pas eu de place pour les vrais soldats de la reconstruction contrairement à ce qu’il s’est passé au Vietnam. 

Le Vietnam a eu une volonté politique de se réconcilier et de reconstruire. Les experts vietnamiens sont très jeunes. Au Vietnam, il y a une domination sans partage du parti communiste, le Cambodge a une démocratie mais il n’a pas eu cette volonté. L’origine de nos problèmes que nous rencontrons, comme la déforestation, est là. 

L’HEDO:    Après les accords de Paris, y avait-il de la place pour ces soldats de la reconstruction ?  

Hay Ly Eang : Le contrôle d’un pays se fait comme le management d’une entreprise. Vous n’êtes pas obligé d’être derrière chaque ouvrier, le plus important sont les postes clés. 

Le Cambodge a des jeunes experts comme au Vietnam. C’est une question de volonté politique. Vous n’êtes pas obligé, comme une cocote minute de tout serrer. Vous pouvez laisser, tout en contrôlant, quelques échappatoires. Si nous nous rendons pas compte de cette situation là, malheureusement, le cataclysme social sera beaucoup plus brutal et plus important que l’arrivée de Pol Pot. 

Je rencontre des jeunes qui ont fait sept ans d’études, par exemple un doctorat en France,  et qui gagnent 250 $ et qui ne peuvent boucler leurs fins de mois. Tout est bouché. L’éducation et la santé sont privatisées. Une société ne peut pas vivre comme ça, une société demande le minimum solidarité sur tout ce qui est vital et commun à tous les être humains. Cette question dépend de nous et n’a presque rien à voir avec la politique. 

L’HEDO:    Au minimum, il nous faut penser au bonheur national.

Un cataclysme social plus brutal que l’arrivée de Pol Pot, ce que vous dîtes est alarmiste …

Hay Ly Eang : C’est pour moi quasiment une conviction mais je ne le souhaite pas et c’est pour cette raison que je travaille sans relâche et que j’ai écrit ce livre. On dit que l’Histoire se répète. Le mouvement des Khmer rouges a été  déclenché en 1967 par le mécontentement suite à une expropriation de terrain pour construire une usine à Samlot. Avant, durant la période des Français, les paysans avaient l’estomac vide et ne pouvaient plus payer les impôts. 

Si l’on compare à la situation actuelle et si vous allez aujourd’hui dans la campagne et si vous demandez à un paysan si la culture du riz, qui occupe 80 % des paysans, lui permet de gagner un peu d’argent, la réponse est non. Ce n’est pas la question du marché mais le problème de l’absence d’infrastructures. Le changement de mode culture et de production a également créé plus de dépenses qu’avant. Tout cela est répercuté sur les prix agricoles. La solidarité n’existe plus, maintenant il faut louer la main d’œuvre et parfois on n’en trouve pas car la campagne se désertifie. 

C’est un constat et il y a une solution qui ne peut être trouvée que si vous connaissez le problème. 

L’HEDO:    Selon vous, le gouvernement est-il conscient de la situation réelle du pays ? 

Hay Ly Eang : Il est clair qu’il y a une prise de conscience mais sans reconnaître nos erreurs, rien ne changera. Nous avons honte de les reconnaître, il y a donc une contradiction dans le message. 

Après 20 ans de paix, on voit où on en est. Le Cambodge est derrière le Vietnam. Nous avons besoin d’une mobilisation générale. Tous les Cambodgiens doivent participer, des soldats qui nous ont libéré des Khmers rouges jusqu’aux jeunes d’aujourd’hui. Une plateforme commune doit être construite. Il n’y a pas que le 7 janvier, il y a des milliers de 7 janvier à fêter pour que chacun ait sa chance dans cette reconstruction qui est vitale pour notre pays. 

Showroom Confirel, 57 rue 178, Phnom Penh
www.confirel.com
www.ppmpharma.com

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November 2007 2

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About Kampot Salt, February 2017

First salt export deal crystallises T

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About Kem and Kirum, January 2017